La vie secrète des émotions: l'arme secrète du leadership
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il est tellement plus facile de trouver le calme dans un cours de yoga en compagnie d’autres personnes? Vous est-il arrivé d’entrer dans une pièce et de vous y sentir immédiatement tendu·e? D’éviter une personne à cause de ce que vous ressentez en sa présence? Les émotions sont contagieuses. Comment ça marche et pourquoi est-ce important de le savoir?
Dans ma pratique des arts martiaux, j’ai appris à quel point il est difficile de garder son calme quand quelqu’un vous approche de manière agressive. Nos émotions changent inconsciemment pour correspondre aux émotions des autres.
C’est ce qu’on appelle la contagion émotionnelle. C’est pourquoi il est plus facile de méditer en groupe. Et c’est aussi pourquoi, même après une journée de stress au bureau, des rires d’enfant peuvent changer votre humeur. C’est pourquoi un service avec le sourire améliore la satisfaction du client. Et aussi pourquoi nous disons aux gens de ne pas se sentir tristes — parce que nous ne voulons pas le ressentir nous-mêmes!
Non seulement nous ressentons à peu près ce que ressent l’autre personne, mais la réponse est physiologique. Nos fréquences cardiaques se synchronisent. Notre respiration aussi.
Saviez-vous que nous avons deux ensembles différents de champs électromagnétiques mesurables dans le corps — l’un lié au cerveau et l’autre au cœur? Ce dernier est 60 fois plus grand en amplitude que le premier et 5 000 fois plus fort en termes de magnétisme. Certains chercheurs ont en fait mesuré un échange d’énergie cardiaque entre des individus à une distance de 1,50 mètre l’un de l’autre — et ont découvert que les ondes cérébrales peuvent se synchroniser avec le cœur d’une autre personne.
Revenons au sujet principal. La contagion émotionnelle, à la fois du côté récepteur et du côté émetteur, constitue l’un des nombreux éléments de la vie quotidienne qui dispersent notre énergie ou la nourrissent.
Qu'est-ce que la contagion émotionnelle?
Selon Sigal Barsade, professeur à la Wharton School of Business: «La contagion émotionnelle est le fait que la personne A ressent, dans une certaine mesure, les émotions que la personne B montre.»
En un mot, si nos ami·e·s et collègues sont heureux·ses, nous avons 25% de chances en plus d’être heureux·ses. Attention cependant, les états émotionnels de toutes sortes se transmettent d’une personne à une autre.
Comment ça marche? Nous imitons les autres. Nous copions le langage corporel, les actions, les expressions faciales. Nous avons même des neurones miroirs spécialisés pour nous aider à le faire. Peut-être même que, quand nous sommes à proximité, nos champs électromagnétiques se synchronisent.
La proximité n’est pas essentielle, cependant, et la contagion émotionnelle se produit en ligne, via les e-mails, les chats, et sur les réseaux sociaux, en particulier sur les plateformes numériques qui ont pour objectif de réguler à la hausse les émotions des utilisateurs.
La contamination peut être immédiate — quelques millisecondes — ou bien se faire doucement, les émotions se faufilant peu à peu au fil des semaines.
Pourquoi s’intéresser à la contagion émotionnelle
Cette notion de contagion émotionnelle soulève la question du choix. Quelles émotions choisissons-nous de vivre? Celles qui nous dynamisent ou celles qui nous épuisent?
Cela soulève également une question de responsabilité personnelle. Quelles émotions offrons-nous aux autres? Celles qui dynamisent les autres ou celles qui les épuisent?
L’équation énergétique des émotions
Voici quelques éléments basés sur la recherche à garder à l’esprit.
Les émotions de toutes sortes consomment de l’énergie. Une régulation émotionnelle constante peut entraîner un épuisement émotionnel. Être attentif à ses émotions et à la récupération émotionnelle contribue à la gestion globale de son énergie.
Les événements négatifs suscitent des réponses plus fortes et plus rapides que les événements neutres ou positifs, ce qui signifie qu’un grincheux a plus de chances de provoquer une contagion émotionnelle qu’une personne heureuse.
Le niveau d’énergie auquel une émotion est affichée a un impact sur son effet contagieux. Et pourtant, on a tendance à crier sa détresse et cacher sa joie quand, en fait, tout le monde bénéficierait du contraire.
Les positions de leadership véhiculent plus de contagion émotionnelle. Les managers peuvent, donc, influencer la cohésion, le moral, les rapports et la performance en étant plus attentif·ve·s aux émotions qu’ils/elles manifestent.
Comment hacker la contagion émotionnelle
L’astuce dans les arts martiaux est de rester dans ses propres émotions de calme et de détente, et d’amener l’autre personne à se synchroniser avec soi. Cela demande beaucoup de pratique. Voici quelques idées qui peuvent aider.
La conscience. Plus nous prenons conscience de nos propres états émotionnels, plus nous devenons également conscient·e·s de ce va-et-vient émotionnel, ce qui permet de réagir différemment.
Le choix. Après la prise de conscience, on peut choisir les émotions que l’on décide d’afficher. On peut également choisir, quand on est confronté·e à une contagion de négativité, de ne pas le prendre pour soi, de tourner son attention ailleurs, ou d’ajuster son propre comportement.
La distance. La contagion émotionnelle est différente de l’empathie. Cette dernière — la capacité à se mettre à la place d’une autre personne — se fait avec une certaine distance psychologique, qui, j’en suis sûre, vient d’une plus grande conscience.
Les pauses. Un élément de contagion émotionnelle est notre tendance innée à la comparaison sociale qui, admettez-le, est exacerbée sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, il existe des preuves que s’en éloigner peut augmenter sa positivité. Tout comme éteindre les infos, qui sont tellement axées sur le négatif.
Le rapport de positivité. Des études ont montré que trois expériences positives compenseront une expérience négative. Et les équipes les plus performantes ont des ratios de huit positifs pour un négatif. Les émotions positives conduisent à des rythmes cardiaques harmonieux et ordonnés, qui changent la perception, les sentiments, les pensées et la performance.
Le jardin. On atteint plus d’équilibre en cultivant des émotions telles que la patience, la joie, la grâce, le courage et la sérénité, en leur donnant une place spéciale.
La cohérence cardiaque. Cette pratique prend quelques secondes. C’est magique. On commence par ralentir sa respiration — inspirer en comptant jusqu’à six, souffler en comptant jusqu’à six. On place sa conscience au niveau du cœur et on active un sentiment positif — l’idée est d’essayer sincèrement de ressentir une émotion positive. C’est tout. Et ça marche.
Le sourire. Un remerciement avec le sourire ne rate jamais sa cible. À pratiquer sans modération.